Bonjour à toutes et à tous,
Ce millésime 2020 restera dans les annales à n’en pas douter, du fait de sa précocité et je le pressens de sa qualité. Jamais au cours de ma carrière je n’ai vendangé aussi tôt.
Débuté le 19 août par les Sauvignons blancs de « Ferbos » nous avons terminé le 3 septembre par les Sémillons de « HAUT GARDÉRE ». Neuf jours ont été nécessaires afin d’optimiser le ramassage des 80,000 pieds de Sauvignon et de Sémillon au moment que nous avons jugé le plus opportun.
Nous nous sommes rendus compte début août, lors des premiers contrôles de maturité, que les acidités évoluaient rapidement à la baisse or pour celles et ceux qui me connaissent, j’attache une importance primordiale à ce paramètre pour les blancs mais aussi pour les rouges. Je crois que la fraicheur et la tension de nos vins est la spécificité des belles bouteilles du vieux monde, de Bordeaux et j’espère de FIEUZAL.
Comme chaque année, la vendange manuelle en cagette est déposée dans un pressoir pneumatique afin de respecter les grappes au maximum et d’éviter toute oxydation préalable. Le pressurage est une étape clé de la qualité de nos futurs vins et outre le fait d’adapter les programmes de pressurage aux qualités des fruits du millésime (durée, montée en pression, temps de maintien en pression…), nous avons mis en place une sélection très fine des jus lors du pressurage afin d’augmenter encore notre palette de « couleur » lors des assemblages de l’Abeille de FIEUZAL et de FIEUZAL blanc. Je considère le pressurage, en tant que Champenois, comme une étape cruciale pour la qualité future de nos vins blancs.
Une anecdote toutefois ; Je remets mon expérience en question de manière permanente, ce qui peut être « fatiguant » pour mes collaborateurs. Depuis que je suis à Bordeaux on me parle de macération pelliculaire, qui est une technique à l’opposé de mon éducation ; Je l’ai essayé cette année et sur ce millésime elle ne m’a pas convaincu. Cette technique aurait peut-être un effet olfactif mais je doute fort de son intérêt sur l’équilibre général.
Une fois les jus obtenus par pressurage, ils sont protégés immédiatement par un nuage de CO2, toujours pour prévenir des oxydations néfastes pour les arômes et la couleur… essayez de laisser n’importe quel jus de fruit sur votre fenêtre quelques jours et vous conviendrez alors du rôle de l’oxygène….
S’en suit la phase de débourbage à basse température dans des petites cuves inox qui a pour but lors des vendanges altérées, de séparer les jus clairs des bourbes plus lourdes. Toutefois cette année la qualité des jus n’a pas nécessité de gros débourbage et nous avons entonné avec des turbidités assez importantes autour de 300 NTU voire davantage.
De la cuisine je vous dis !
À l’heure où je vous écris, quelques fermentations sont terminées et les vins sont en bâtonnage afin d’exploiter la qualité des lies de fermentation. Nous les dégusterons bientôt et je ne manquerais pas de vous en faire un retour.
Nous avons débuté les vendanges de rouge le 8 septembre avec une dizaine de jours d’avance sur les dernières années, par les parcelles de merlot du lieu-dit « BOUGES » ou encore « La Petite Sibérie » et nous les avons finis mercredi dernier le 16 septembre - Ils sont superbes car je crois sans m’avancer que nous avons su conserver de la fraicheur…la fraicheur toujours la fraicheur ! Tout s’est déroulé sous un climat parfait, avec à partir du 11 septembre des nuits fraîches qui auront affiné quelques tannins. Nous reprenons les Cabernets mercredi 23 septembre et nous espérons finir pour le 1er Octobre… Historique je vous dis.
A très vite,
Stephen Carrier, Winemaker